Carrière équestre : 4 erreurs à éviter lors de sa construction
Comment concevoir et réaliser une carrière équestre ? La construction d'une carrière équestre n'est pas chose facile. Autant pour un club ou pour une utilisation auprès du public que pour une utilisation dans un espace privé. Il suffit de surfer quelque peu sur les forums internet pour constater les questions que se posent les propriétaires de chevaux ou les responsables de centres équestres avant la réalisation de leur projet.
Quel sable pour le sol de ma carrière ? Peut-on concevoir une carrière sans arrosage ? Peut-on faire une carrière équestre chez soi ? Quelle réglementation pour une carrière équestre ? Quel terrassement pour une carrière équestre ? Quel type de lice pour ma future carrière ?
La difficulté dans le choix de la composition d’une carrière ou d’une piste et dans la conception de sa structure, est que tout dépend de l’utilisation à laquelle on la destine. :
- Pour de l’entraînement, on aura besoin d'un sol confortable, afin que le cheval puisse se préparer sans jamais se faire mal.
- Pour la compétition, on cherchera un sol qui aide à la performance avec « de la frappe » pour les compétitions de CSO, ou alors une surface meuble et profonde pour une piste de galop, etc... Tout dépendra.
Dans tous les cas, cependant, il faudra que l'entretien soit facile et il faudra faire attention aux risques de gel, car on souhaitera pouvoir utiliser la carrière toute l'année ou presque. Une carrière est évidemment bien souvent recouverte de sable pour une bonne stabilité du cheval. La texture du sol doit être meuble et régulière.
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Voici 4 erreurs à éviter lors de la conception de cette carrière.
1. Mal anticiper l'évacuation de l'eau de la carrière équestre
Se dire que la carrière sera souvent gorgée d'eau, restera ainsi ferme et offrira beaucoup de "frappe" est un bon calcul... dans un cas de figure seulement : celui des compétitions de CSO.
Dans ce cas, une structure non drainante conviendra. Le trop plein d'eau sera évacué grâce à la pente naturelle du terrain.
Cependant, dans la majeure partie des cas, votre carrière ne sera pas utilisée à 100% pour des compétitions de CSO. Elle le sera souvent pour de l'entraînement. Dans ce cas, mieux vaudra prévoir une surface souple, adaptée au dressage et au travail quotidien des chevaux.
Vous préserverez ainsi mieux, grâce à cette souplesse, la santé de vos animaux (articulation, musculature).
Ceci signifiera le choix d'une structure drainante. Le trop plein d'eau est alors évacué à travers la couche de travail et l'eau rejoint un réseau de drains et est dirigée vers un exutoire.
La façon dont l'eau s'évacue n'est cependant pas la seule variable qui entre en jeu dans ce qui fera la frappe au sol. Le type de revêtement (sable ou fibres mélangées au sable) interviendra également.
L'autre problème de l'eau : elle défait votre sol
Vous avez maintenant pensé à l'évacuation de l'eau, mais quid du matériau même de votre carrière ?
Votre sable silicieux, ajusté à votre discipline équestre, et dont vous souhaitez qu'il tienne le plus longtemps possible sans avoir à le renouveler, ne risque-t-il pas de s'enfuir avec les eaux ruisselées ? Ou avec le vent ?
En effet, l'un des critères essentiels pour que votre sol de carrière se maintienne avec le temps est complémentaire de la question des eaux pluviales. L'autre dépend de votre choix de stabilisation.
Pour que votre sable se tienne bien, il doit être correctement humidifié. Lorsqu'il devient trop sec, il risque de s'envoler au moindre coup de vent. Ce qui veut dire, d'une part, une perte et des trous dans votre sol et, d'autre part, un inconfort pour les cavaliers et chevaux qui ne peuvent plus travailler correctement avec un sable volatile.
Vous ne pouvez donc pas confier l'arrosage de votre carrière aux seuls caprices de la météo. Or, selon une étude menée par Éco-Écurie, 32% des responsables de centre équestres n'arrosent jamais leurs carrières.
Par ailleurs, le choix du système d'arrosage n'est pas anodin non plus. Un jet aérien fixe qui atteint seulement certaines zones de la carrière, par exemple, peut favoriser la fuite de matière. Les zones non humidifiées s'envolent, les zones très humides forment des flaques et se défont si elles ne sont pas correctement stabilisées.
La bonne solution de stabilisation
C'est là que se joue finalement la tenue de votre sol : avez-vous pensé à un système de stabilisation solide sous le sable ?
Pour vous assurer que cette matière précieuse (et coûteuse) ne soit pas perdue, le meilleur réflexe est encore de bien l'ancrer dans le sol. Par un système de dallage, par exemple, qui assurera le bon maintien de la couche de surface. Des dalles alvéolaires vont retenir les mouvements du sable sur toute la carrière : la couche de travail est équilibrée, elle ne forme pas de trous ni de flaques et, surtout, elle ne s'écoule pas de la carrière lorsqu'il pleut ou qu'il vente.
Enfin, pour conserver le liant du matériau, misez sur un système de subirrigation plutôt qu'un arrosage de surface aléatoire (pluie) ou statique (arroseur dans un angle de la carrière). Un système comme Hydroground (tapis PVC et tuyaux goutte à goutte), par exemple, assure la bonne homogénéité du sol pour qu'il reste praticable toute l'année.
2. Ne pas prévoir les bonnes dimensions de sa carrière équestre
Il n'y a pas en soi de dimensions obligatoires pour une carrière. On conseille cependant de ne jamais descendre au-dessous de 20m x 40 (20x20 pour un poney club).
Cependant pour des disciplines précises, il faudra respecter les règles suivantes :
Dressage : un rectangle de 20x60m sur une surface souple.
Saut d'obstacles : il faut un terrain de 2500m2 minimum pour pouvoir s'entraîner dans de bonnes conditions (notamment pour le saut de lignes et de combinaisons).
Compétition : une surface rectangulaire de 3200m2 est un minimum. Le site des haras nationaux recommande une surface de 4000 m2 minimum et suggère 10 000 m2 et plus.
Le paddock de détente : des dimensions plus modestes (20x40 minimum) sont suffisantes. Pour des chevaux plus jeunes on conseille 50m de long. 30m de large permettront de disposer trois obstacles sur la carrière.
Plus le paddock de détente sera grand, plus le sentiment de sécurité sera grand pour les cavaliers. N'oublions pas qu'un cavalier passe 90% de son temps sur les terrains de détente. Ceux-ci sont donc beaucoup plus utilisés que les terrains de concours.
Notons que pour l'organisation de compétitions conformes aux exigences de la société hippique française (SHF label), le paddock de détente devra être de 60x40m et le terrain en sable de 80mX50m.
Piste de galop d'entraînement : largeur conseillée de 3m. Couche de travail sur structure drainante.
Dans la même logique, il faut prévoir pour sa carrière la bonne quantité d'eau à apporter à la carrière. Il ne s'agit plus de dimensionner le seul terrain, mais de dimensionner les infrastructures qui vont lui être associées (réservoirs, arrivées d'eau, consommation d'eau, etc.) . Il faut prévoir qu'une carrière en microsable a besoin de 4 mm d'eau /jour en été . Le besoin descend à 2 mm/jour à l’automne et au printemps et est négligeable en hiver. Pour les autres sables non normalisés, le besoin est plus faible, mais il varie en fonction des pratiques.
3. Mal prévoir les accès et mal prévoir les lices
Lors de la conception de votre carrière (voir aussi cet article), il conviendra de penser aux accès pour les travaux. Sa fabrication pourra exiger la venue d'engins de taille importante pour effectuer les interventions et acheminer des matériaux.
En outre, il faudra généralement que les chevaux puissent accéder facilement.
Enfin des mesures de sécurité générale s'imposent (contactez les services de la préfecture : service interministériel de Défense et de Protection civile; service d'Incendie et de Secours).
La sortie de chevaux sur une route de grande circulation, par exemple, sera interdite. Il faudra prévoir également des voies de circulation intérieure à votre centre équestre pour les chevaux. Pour cela, il faudra que les sols soient non glissants.
La réglementation prévoit également des mesures en matière de protection animale. Les matériaux de construction devront être conçus de façon à ne pas être la cause d'accidents pour les personnes, bien entendu, mais aussi pour les animaux. Ceci exige donc que les matériaux que vous allez utiliser pour votre carrière soient spécifiquement conçus pour cela.
Ne bricolez pas.
Les lices
La lice est la clôture de la carrière. C’est l'élément qui garantit la sécurité des spectateurs, des cavaliers et de chaque cheval. La carrière doit disposer d'une clôture suffisamment solide pour protéger les spectateurs à l’extérieur de la carrière. Toutes les lices de carrière, de rond de travail ou de marcheur ainsi que tous les équipements d'aires d'évolution doivent garantir une sécurité totale. Que ce soit pour une utilisation 100% cheval ou pour une utilisation mixte cheval / poney. Au-delà des lices elles-mêmes, il faut penser aussi la continuité des lices avec les portails. Les accidents ont souvent lieu à ce niveau-là. Pour garantir la sécurité, il faut donc avoir une vision globale de la carrière et de ses contours : lices et barrières.
De même la lice doit aussi garantir la sécurité du cavalier. Au cas où celui-ci chuterait sur elle. La lice doit donc offrir un profil rond et les têtes de poteaux ne doivent jamais la dépasser en hauteur. La lice de la carrière doit être le point haut, c'est elle qui protège. La clôture de la carrière équestre ne doit pas risquer non plus de blesser un cheval qui la heurte. Et celui-ci peut, selon le type d'incident, heurter lui aussi les lices ou le portail. Il faut suivre les recommandations officielles (IFCE) pour bien concevoir son projet.
4. Oublier de consulter le PLU
La construction d’une carrière ne demande a priori ni permis de construire ni déclaration de travaux. Et ce, tant que la carrière ne comprend pas de bâtiments s'élevant au-dessus du sol.
En revanche, dès l'instant où la carrière sera couverte, il faudra demander un permis de construire, car la surface couverte est supérieure à 20m2 (sauf structures temporaires installées pour moins de trois mois).
Ceci étant, il n'y a pas que la question du permis de construire. La carrière que vous envisagez devra être conforme aux règles d'urbanisme en vigueur sur le terrain sur lequel elle sera installée.
Il faudra donc d'une part consulter le PLU (plan local d'urbanisme) et se procurer un certificat d'urbanisme auprès de la mairie. Le terrain peut être soumis à des servitudes d'utilité publique :
- périmètre de protection des monuments historiques : si votre carrière se situe dans un rayon de moins de 500m d'un monument classé ou inscrit à l'inventaire supplémentaire, il faudra obtenir l'accord de l'architecte des bâtiments de France.
-classement en zone de montagne, zone littoral ou zone d'exposition aux risques naturels prévisibles, en zone naturelle ou zone Natura 2000 : dans ces cas-là, des contraintes supplémentaires ou l'impossibilité de construire pourront s'imposer.
Sauf cas exceptionnel de ce type, il est rare cependant de se voir interdire la réalisation d’une carrière.
En revanche, il y aura des points sensibles, notamment ceux liés aux éventuelles conséquences pour le voisinage de votre carrière. Le point le plus sensible pourrait être la question de l’imperméabilisation des sols. Dans des zones où le ruissellement des eaux est important, on risque de vous objecter que votre carrière va imperméabiliser une surface trop importante. Les risques de déversement de boues, ou de matériaux concassés qui sont nettoyés avec la boue lors de fortes intempéries seront pointés du doigt.
La solution est alors de construire une carrière avec un sol ouvert, c'est une carrière drainante. On utilisera alors des dalles drainantes pour construire une couche drainante continue solide et au fonctionnement durable (voir cet article sur la bonne façon de construire une carrière équestre).
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