Si vous ne vous ne vous intéressez pas au bien-être du cheval, n’allez pas plus loin. Cet article va vous ennuyer.  

Dans le cas contraire, attention.  
Le bien-être de cet animal risque de ne pas ressembler à ce que vous pensiez. Et le concept qui sera détaillé ici vous interrogera forcément un peu. Il remet en cause tant d'habitudes.  
 
Tout se résume en effet à une seule question. Comment a-t-on pu se tromper à ce point sur à propos de ce fameux “bien-être” ?  Depuis tant de siècles. 
 
Et surtout, comment peut-on continuer à se tromper encore autant ?  
On a beau de nos jours avoir amélioré nos connaissances en matière d’éthologie, les cavaliers, propriétaires, responsables de centre équestres, continuent bien trop souvent d'adopter des réflexes opposés à ceux du véritable bien-être d'un cheval ... et cela en croyant bien faire.  
 
En vérité, toute véritable solution pour rendre un cheval vraiment heureux doit s’appuyer sur  le meilleur compromis possible entre la satisfaction de ses besoins “sauvages” et la protection qu'on doit lui assurer pour qu’il remplisse au mieux les missions qu’on lui assigne (gagner des concours de saut d’obstacles (CSP), des concours complets, assurer de la randonnée équestre, du tourisme ou du spectacle équestre, …). 
 
Un toit fixe, un intérieur douillet, l’habitude de dormir seul dans un box séparé des autres, trois repas par jour… Des caresses, des carottes en guise de récompense... Vous pensez que ce compromis ressemble à quelque chose comme ceci ? 

Il n’en est rien.  

Un cheval à l'état de nature

En fait, le meilleur ennemi du cheval a un seul nom. L’anthropomorphisme. C’est cette tendance de l’esprit humain à penser que le cheval est un autre lui-même et à projeter sur lui des pensées et des comportements humains qui est la cause de ces siècles d’erreurs.  
 
En réalité, le cheval, même depuis que nous l’avons domestiqué, continue de se comporter en fonction de réflexes liés à ce qu’il est à l’état sauvage. Dans la nature, son comportement est centré sur trois objectifs fondamentaux : manger, se dépenser, être en relation avec les autres. Un peu comme un être humain.  
 
Sauf que sa façon d’atteindre ces objectifs n’a rien à voir. Et les éthologues qui analysent le comportement des chevaux en écurie et dans la nature sont formels : les troubles du comportement des chevaux sont liés à notre façon de gérer leur mode de vie. 
 
Ce film résume tout.  

Manger en continu

Dans leur milieu naturel, tous les chevaux partagent un même rituel nutritionnel qui consiste à passer plus de la moitié de la journée à manger. Ils se déplacent d’un point à un autre pour grignoter en continu. 

Vous imaginez donc que se voir servir trois repas par jour en moyenne, selon les disponibilités du palefrenier reste assez éloigné des attentes des pensionnaires d’une écurie.  

Leur estomac est fait pour digérer de petites quantités tout au long de la journée. Aussi, lorsqu’un cheval a passé trois heures sans manger, son estomac est déjà en demande. C’est pourquoi il va avoir tendance à se ruer sur le foin de sa litière ou à ronger sa porte de box, en développant peut-être des tocs alimentaires. (Pour en savoir plus sur les risques de coliques, d’ulcères et leurs solutions, lisez cet article).  

Le troupeau

À l’état de nature, les chevaux ont un comportement très social. Ils vivent en troupeaux qui correspondent à la famille ou à un groupe de jeunes mâles avec des codes sociaux spécifiques. 

Le troupeau constitue plutôt un groupe stable, avec une hiérarchie qui lui est propre. Les groupes de jeunes mâles, eux, servent aux apprentis étalons à se préparer à un rôle de chef de troupeau, de mâle dominant ou futur dominé. 

Ils développent une multitude de rapports à travers le jeu, la simulation de combats pour les plus fougueux, mais aussi à travers des gestes de tendresse, un toilettage mutuel, ou parfois simplement un contact visuel, une présence de deux individus côte à côte qui marque leur affinité sans besoin de contact.  

Les chevaux ont un comportement social évident, mais pas facile de faire comprendre à l’individu du box du fond du couloir qu’on l’apprécie sans le voir, l’entendre ni le sentir… 

Dans une écurie classique, il y a peu voire pas de place pour les petites bagarres et les jeux qui constituent pourtant une base sociale saine pour eux.      

 

Liberté de mouvement

Ces comportements sont limités par l’espace restreint dans lequel évoluent les chevaux en écurie traditionnelle. Box, manège couvert, carrière, éventuellement quelques pas contrôlés à travers le centre équestre : au quotidien (et hors temps libres au paddock), les mouvements sont comptés. 

Or, un animal de cette taille a normalement besoin de se rouler, galoper, trotter et jouer à sa convenance, de préférence en compagnie de ses congénères.  

En écurie, l’activité physique du cheval correspond souvent aux activités humaines, soit les cours d’équitation, dressage, concours, balade… Elle est donc en général calibrée et contrôlée, et permet peu l’épanchement des comportements libres qu’il aurait en liberté dans les pâturages.  

Ces choix de vie pour nos chevaux sont aussi fondés sur nos possibilités et disponibilités humaines. Autrement dit, sur notre organisation de travail.... à nous !

Et c'est là la pire des erreurs d'anthropomorphisme que nous commettons.   

C’est là que le concept d’écurie active entre en jeu, en permettant de replacer le cheval dans un rythme naturel, sans compliquer l’activité humaine. Au contraire, loin de la compliquer, elle la facilite grandement. 

Stabulation libre

Le concept d’écurie active se rapproche de l’idée du Paddock Paradise, de l’Américain Jaime Jackson. L’idée est de recréer une certaine forme de liberté de mouvement, d’une part, et offrir un sol adapté aux sabots d’autre part, au plus proche de l’espace naturel.  
(Pour en savoir plus sur l’histoire du concept d’écuries actives, lisez cet article)   

Le cheval est libre d’aller et venir entre plusieurs espaces balisés des écuries, où il peut se dégourdir les membres, créer et maintenir un contact social avec ses semblables et marcher jusqu’à plusieurs kilomètres par jour de leur propre chef. 

Les espaces sont limités par des clôtures électriques et facilement contrôlables

Le bonus à en tirer ? Après s’être défoulé à sa guise, un cheval est beaucoup plus attentif et réactif lors d’une activité équestre. Votre relation s’en trouvera grandement améliorée.  

Ces espaces peuvent être agrémentés de détails utiles, qui permettent aux individus de reproduire un comportement instinctif et libérateur. Comme une zone de roulade, ou un lieu identifiable où venir se gratter…  

En écurie active, les sols sont stabilisés pour offrir le meilleur confort aux chevaux, adaptés à leurs besoins physiologiques.

Des dalles remplies de matériaux drainants empêchent la boue se de former, même en cas de passage régulier et quotidien, et sont bien plus douces aux articulations qu’un sol bétonné, tout en restant proches de la qualité d’une prairie.  

 

Alimentation en tant que de besoin

L’un des piliers du concept d’écuries actives, c’est son système automatisé de distribution de la nourriture. Pour respecter au mieux les rythmes de chaque individu, les rations sont pensées en fonction de chaque cheval, son poids, sa taille, son âge, sa santé, et son appétit. En programmant vous-même les distributeurs automatiques, vous pouvez vite évaluer combien mange en réalité votre cheval ou votre jument chaque jour.  

Finie la corvée de distribution des rations de granules et de foin dans chaque mangeoire, qui prend des heures chaque jour. Vous gagnez des heures de travail, et n’avez plus qu’à observer le comportement de l’animal, libre de manger quand son estomac le lui réclame.  

Le système est le même pour les abreuvoirs et le fourrage, qui peuvent devenir des espaces d’alimentation collectifs et même participer de l’harmonie entre les membres du troupeau.